Le projet CASTOR : des Couverts végétaux Au Service de la Transition agrOécologique et de la Réduction d’intrants
Pour une réduction des intrants
« Depuis plusieurs années, nous travaillons sur les légumineuses comme couverts végétaux ou « plantes de services » car elles sont très utilisées en agriculture pour leur capacité à protéger et améliorer les sols, mais aussi comme engrais naturels.
Avec le projet CASTOR, entièrement financé par Terra Isara, nous souhaitons avoir une démarche participative en se basant sur des pratiques de terrain, en étroite collaboration avec les agriculteurs et les autres acteurs du monde agricole. Nous nous sommes mis en relation avec des agriculteurs ayant développés des pratiques intéressantes et nous avons identifié les innovations inspirantes et les besoins en recherche.
Ensuite, nous nous sommes posés la question de notre apport en tant que chercheurs, spécialistes de l’agronomie. Nous avons ainsi construit notre travail de recherche avec cet apport terrain. Nous nous complétons dans le sens où les agriculteurs sont davantage focalisés sur la recette qui va fonctionner chez eux, alors que nous, chercheurs, souhaitons comprendre, comment et pourquoi cela fonctionne afin de généraliser les connaissances produites « .
Florian CELETTE, Enseignant chercheur en agronomie
Quelles sont les différentes étapes du projet ?
Le projet de recherche s’articule autour de 3 grandes phases.
L’enquête que nous venons de terminer. Nous avons interrogé une cinquantaine de conseillers et agriculteurs un peu partout en France. L’idée était d’identifier des agriculteurs ayant mis en place des associations de couvert multiservices dans le but de réduire les intrants.
Nous cherchons à comprendre pourquoi ils utilisent ces techniques, comment ils le font, et quelles en sont les résultats. L’objectif est de comprendre dans le détail la logique agronomique de l’agriculteur innovant, d’identifier les obstacles à l’adoption de ces pratiques et les leviers que les agriculteurs ont pu mobiliser.
L’Expérimentation de terrain, directement chez les agriculteurs permet d’étudier la mise en place de ses pratiques, d’évaluer l’intérêt de telle ou telle innovation technique testée par certains agriculteurs dans différents contextes. Nous travaillons aujourd’hui avec une vingtaine d’agriculteurs motivés en bio ou non sur une zone couvrant une large gamme de sols, de climats mais aussi de systèmes de production agricole.
Dans ce contexte, nous testons différentes espèces de couverts végétaux, différents modes d’implantation et de gestion mis en évidence lors des enquêtes et identifiés comme prometteurs. Le terrain est un vrai appui car il permet d’identifier les techniques efficaces dans différents contextes, d’évaluer les services fournis par les couverts et donc de proposer des résultats concrets et utiles aux agriculteurs intéressés. C’est aussi un très bon moyen de développer notre réseau local, toujours utile pour nos travaux de recherche. Mathieu ROUGE, que nous venons de recruter pour 18 mois sur le projet, gère notamment ce dispositif expérimental et coordonne la mise en relation réseau. Nous travaillons également en partenariat avec L’INRAE et le groupe coopératif OXYANE.
La conception de prototypes innovants sera la 3e étape du projet. L’idée est de s’appuyer sur les apprentissages des deux premières phases pour monter des ateliers de réflexion avec les agriculteurs partenaires et imaginer les modes de production valorisant les couverts multiservices de demain. Sur la base de ce travail, nous souhaitons mettre en place des plateformes de démonstration chez les agriculteurs partenaires motivés. La mise en place de ces plateformes marquera la fin du projet CASTOR, même si nous continuerons certainement à travailler sur ce sujet.
Dans l’année qui vient, nous prévoyons de présenter ces travaux assez largement aux agriculteurs, conseillers, etc. nous avons également plusieurs projets de valorisation scientifique d’ici à la fin du projet (2023). Ce projet est également riche d’enseignements pour nous, nous pouvons le valoriser dans nos activités de formation, que ce soit auprès de notre public ingénieur (par exemple dans le DA TICTAC), mais aussi pour un public professionnel.
Ce projet de recherche est au cœur de notre actualité. Nous entendons beaucoup parler avec la COP26 et des effets du changement climatique sur notre environnement. Ce sont des pistes à creuser pour donner plus de résilience à nos systèmes agricoles.
Ces méthodes de couvert permettent de protéger les sols, faire face aux aléas climatiques. Tout cela va dans le sens d’une transition agroécologique et de la conception de systèmes agricoles plus économes et résilients.