Le projet Cacao Forest réunit une douzaine de partenaires français et dominicains autour des enjeux et défis majeurs de la production de cacao en République Dominicaine. Ces acteurs engagés de la production agricole et de l’alimentation durable, appartiennent à la Recherche publique en Agronomie (CIRAD), aux Fondations (Earthworm Foundation – EF ; et fond de dotation Terra-Isara), aux industries chocolatière (Association des Relais desserts, Valrhona, Révillon, Weiss) et du Bio françaises (Bjorg, Bonneterre et Cie.), ainsi qu’au milieu académique (Isara de Lyon) et enfin au secteur agricole (coopératives de producteurs de cacao : FUNDOPO, CONACADO et COOPROAGRO), ainsi qu’à la recherche dominicaine (CEDAF, IDIAF).

Les cacaoyères dominicaines, extrêmement diversifiées, renferment une grande biodiversité cultivée selon les principes de l’agroforesterie et que les producteurs et leurs familles peinent à valoriser. On recense plus de 44 espèces cultivées et de nombreux produits ne se vendent pas, faute d’accès aux marchés ou à cause de volumes insuffisants ou de circuits de commercialisation défaillants. Les revenus tirés de la vente de ces produits, cacao compris, restent insuffisants pour garantir la relève des jeunes générations, plus attirées par les villes et d’autres secteurs d’activités plus rémunérateurs.

Pour répondre à ces enjeux qui sont également ceux de nombreuses régions productrices de cacao dans le Monde, le projet Cacao Forest propose aux producteurs dominicains de construire pas à pas les systèmes de culture du cacaoyer de demain, en intégrant de manière raisonnée la Biodiversité cultivée localement aux marchés et aux mécanismes qui créent de la valeur ajoutée (Certification Bio, qualité organoleptique, transformation,…).

Ce projet de recherche et de développement collaboratif est conduit sur le terrain par Earthworm Foundation pour la coordination globale et les aspects marchés et filières, et par le Cirad pour les aspects de conception de nouveaux systèmes et de recherche en Agroforesterie.

La première phase de Cacao Forest a démarré en 2017 en République Dominicaine sur cinq axes de travail très concrets :

  1. Concevoir avec les producteurs de cacao des modèles agroforestiers de culture du cacaoyer (SAFcacao) garantissant une biodiversité cultivée aux produits facilement commercialisables sur les marchés locaux et internationaux. Quatre modèles garantissant un meilleur revenu à l’hectare aux producteurs ont ainsi été élaborés et décrits en détail au cours d’une année de travail participatif ;
  2. Tester ces quatre modèles en conditions réelles chez des producteurs de cacao Un réseau expérimental participatif (REP) de 36 petites répliques de ces 4 modèles a ainsi été installé chez plus de 30 producteurs. Pour chaque modèle, deux situations sont testées : (i) la création de parcelle sur une parcelle non forestières, et (ii) la réhabilitation d’une cacaoyère existante et en fin de vie productive. Le REP a ainsi été progressivement installé entre 2018 et 2019.
  3. Former l’équipe de techniciens mis à disposition par les coopératives partenaires, ainsi que les producteurs de cacao partenaires aux technique de conduite des cacaoyères (greffage en pépinière et au champ, définir un schéma de plantation, taille des cacaoyers, fertilisation organique des sols et gestion intégrée de l’exploitation) ;
  4. Créer de nouvelles opportunités de marchés pour les produits issus des SAFcacao, par la mise en relation directe des producteurs avec les acheteurs du marché. En particulier, la commercialisation de produits agricoles issus des SAFcacao certifiés Bio sur les marchés Bio de la capitale a rencontré un grand succès (13 k€ de CA générés en 6 mois).
  5. Communiquer et générer des alliances. Pour convaincre le plus grand nombre de la pérennité des résultats obtenus, l’équipe communication du projet a développé des outils de communication spécifiques (site web, vidéos, crowdfunding, publications scientifiques…) et participé à des évènements fortement médiatisés comme le Salon du Chocolat à Paris, le Congrès Mondial d’Agroforesterie à Montpellier ou la Conférence Internationale de Recherches sur le Cacaoyer à Lima.

Une seconde phase encore plus ambitieuse sur la période 2020-2023

Cette première phase du projet Cacao Forest, expérimentale, a joué un rôle pilote et les résultats obtenus ont convaincu la coopération Française (AFD) de s’impliquer dans le co-financement d’une seconde phase plus ambitieuse sur la période 2020-2023.

Cette seconde phase s’inscrit dans une double volonté d’impacter la filière cacao à l’échelle nationale et de construire une étude de faisabilité pour la réhabilitation du verger cacaoyer et de la cacaoculture dominicaine. Elle repose sur 6 grands axes de travail :

  1. Collecter les données de suivi agronomique, économique et écologique des quatre modèles agroforestiers innovants testés en conditions paysannes dans le REP, et amplifier ce réseau expérimental par la création de répliques chez de nouveaux partenaires du secteur cacao dominicain;
  2. Former 900 producteurs membres de 3 coopératives à la conduite agroforestière de leurs cacaoyères et accompagner la réhabilitation de 20 hectares de cacaoyères improductives vers les modèles en cours de test ;
  3. Impliquer les coopératives dans la diversification raisonnée en créant au moins 3 filières courtes reposant sur les tubercules et fruits produits dans les SAFcacao, dans l’objectif de contribuer à au moins 20% du revenu des producteurs ;
  4. Accompagner l’intégration de l’agroforesterie cacaoyère dans les capacités locales des enseignants des principales universités agricoles dominicaines, ainsi que dans les modules d’enseignement ;
  5. Elaborer avec les acteurs clefs du secteur cacao, tant privés que publics, une étude de faisabilité complète pour la mise en place, à l’issue du projet, d’un programme de réhabilitation des 40 000 hectares de cacaoyères que compte la République Dominicaine.
  6. Communiquer sur les résultats acquis, les actions en cours et les perspectives offertes par Cacao Forest, en République Dominicaine d’abord et à l’étranger aussi, avec des outils de communication adaptés aux différents acteurs.

Pour ce faire, les opérations sont dès 2020 à nouveau confiées au CIRAD (Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement), reconnu pour ses travaux en Agroécologie et Agroforesterie du cacaoyer) et à Earthworm Fondation (Fondation Suisse spécialisée dans le montage de filière de production agricole durables).

Ces deux partenaires, respectivement chargés de la coordination scientifique et globale du projet, sont hébergés à Saint Domingue par un nouveau partenaire d’accueil : le CEDAF (Centre pour le Développement Agricole et Forestier).

Ils travailleront avec une équipe locale de 4 techniciens et l’appui de trois coopératives de producteurs et des institutions clef, publiques et privées, impliquées dans le secteur cacao à l’échelle nationale (IDIAF, Commission Nationale du Cacao, Ministère de l’Agriculture, Ministère de l’Environnement, Université Autonome de Saint Domingue, Institut Supérieur Agronomique,…).